• Les provinces maritimes, du 19 au 31 août 2015

    Nouveau Brunswick, Nouvelle Ecosse, Île du Prince Édouard...

     

     

     

     

    Nouveau Brunswick, Nouvelle Ecosse, Île du Prince Édouard, voilà les trois provinces maritimes qui sont au menu de la fin de ces presque deux ans de voyage. Passage obligé pour rejoindre Halifax, elles vont se révéler enchanteresses pour nos deux voyageurs qui pourtant en ont beaucoup vu pendant leur périple.
    Passé la rivière Matapedia, ils pénètrent dans le Nouveau Brunswick.


    Ils pensaient retrouver, au désespoir de la Trotteuse, une province anglophone. Mais à leur grande surprise ils découvrent de multiples drapeaux tricolores (bleu, blanc, rouge) plantés sur les pelouses, toujours impeccablement tondues, accrochés aux balustrades des terrasses, des guirlandes tricolores elles aussi. Mais un détail attire leur attention, une étoile jaune en haut de la bande bleue.
    -Serait-ce le drapeau de la province?
    Cinq minutes plus tard: - Mais bon sang c'est bien sûr! cela ne peut être que le drapeau de l'Acadie!

    Et pendant des kilomètres ils vont se retrouver dans un monde bleu blanc rouge: le bas des poteaux électriques, bleu blanc rouge, les bancs, bleu blanc rouge, les casiers à homards, bleu blanc rouge, les boîtes aux lettres, bleu blanc rouge...

                                
    L'histoire de l'Acadie ils la découvriront le lendemain, avant il faut trouver un bivouac pour la nuit. Ils repèrent sur le GPS un chemin menant à un petit port. Ils y croisent un automobiliste qui leur demande d'où ils viennent;
    -"France"
    -"oh France! I am Irish! " accompagné d'un grand éclat de rire et d'une poignée de main chaleureuse.
    Le lendemain arrêt à Grande Anse pour photographier un phare...bleu blanc rouge!


     
    Puis ils vont visiter le village Acadien recommandé par leurs guides (1 étoile). Ils y passeront 6 heures sous une chaleur humide, tellement exceptionnelle, que les cuisinières habituellement allumées dans les maisons sont éteintes, de même que le service de calèches, (trop chaud pour les chevaux) est suspendu.
    Le concept de ce village est vraiment original: des maisons de toute l'Acadie ont été démontées et reconstruites, meublées du mobilier de l'époque. A l'intérieur de chacune d'elles des Acadiens se mettent dans la peau des anciens occupants du 19eme siècle, racontent leur vie et effectuent les mêmes gestes: travail de la laine, fabrication de cordes, de tuiles de bardage. Tous leur content, avec talent, les malheurs du peuple Acadien victime du jeu de Monopoly auquel se sont livrées la France et L'Angleterre du début du 17ème au milieu du 18ème siècle. Quelle leçon d'histoire! Une mention particulière pour le tavernier, l'employée du magasin général et le cordelier.

                                 Joug servant au transport des seaux d'eau
                                     

     
    Le tort des Acadiens pour les anglais, être d'origine française et catholiques, suffisant pour les déporter hors de la Nouvelle Écosse vers le Nouveau Brunswick, puis de l'île du Prince Édouard vers la Louisiane, la France. Beaucoup périrent au cours de cette déportation dans les bateaux ou en essayant de rejoindre le Québec en plein hiver.
    Et le drapeau bleu, blanc, rouge? Il a été adopté en 1884, avec une étoile jaune pour honorer la vierge, le jaune étant la couleur du Vatican.
    Ils quittent ce lieu chargé d'histoire pour chercher, une fois de plus, un bivouac tranquille. Près de Tracadie-Sheila, une voie sans issue mène au bord d'une rivière qui se jette peu après dans l'océan. Un parking, avec une dizaine de voitures, pas de panneau camping interdit, parfait! Au bord de la rivière quelques pêcheurs en famille avec qui ils engagent la conversation. Les Trotteurs sont d'abord interrogés sur leur lieu de résidence en France, puis évidemment sur leur voyage. Les Acadiens sont tous fiers de dire leur nom: Roussel, les Trotteurs en connaissent..., Fournier, il y en un à Uglas! Mazerolle, ça c'est aussi courant en France. Chez les Acadiens les Trotteurs retrouvent l'accent et des expressions des cousins des Charentes. La nuit tombante et les moustiques mettront un terme à ces échanges pleins de chaleur.
    Ils continuent de longer le littoral, la mer remonte dans les estuaires des rivières, formant de véritables lacs bordés de propriétés toujours tondues de frais. L'arrêt déjeuner est à Pointe Sapin, petit village de pêcheurs, mais port important si on en juge les camions arborant un homard sur leur remorque. En fait c'est une noria de bateaux qui viennent décharger leurs caisses remplies de magnifiques homards, les pinces attachées.

                                 
     
    Certains sont même déjà conditionnés dans des boîtes en carton. Sitôt sur le quai les prises sont enregistrées, et les caisses chargées dans les camions. Pas possible d'acheter ici, de toute façon la taille des bébêtes n'est pas compatible avec la cocotte des voyageurs.
    Pour protéger les zones côtières, de nombreuses plages ont été érigées en parcs nationaux ou provinciaux. Pourtant il ne semble pas qu'il y ait une pression immobilière importante. La quasi-totalité du littoral est occupée par des maisons individuelles dont le terrain va jusqu'au rivage et sans accès public. Les parcs eux autorisent cet accès. Le parc Kouchibougacen est un exemple. Des ours noirs et des orignaux l'habitent, mais ils ne les verront pas. Une passerelle permet de franchir le barachois (estuaire d’une rivière séparé de l'océan par une langue de sable), et d'aller sur une belle plage presque déserte. L'eau un peu fraîche ne rebuta pas le Trotteur.
     

     
    Un autre sentier avec de nombreux panneaux explicatifs mène au centre d'une tourbière de 6 m d'épaisseur qui continue de grandir en hauteur et en surface.
    A Baie Comeau, la coiffeuse leur avait recommandé un camping à la ferme, à St Édouard de Kent, tenu par un français, chez les Maury. Ils s'y arrêtent, c'est au bord de la plage, juste la route à traverser. Encore une coïncidence, la mère de M Maury habite Tarbes!
    Ils ne sont pas plus tôt installés que les autres campeurs viennent les saluer. Tous des québécois! Conversation à bâtons rompus sur le voyage des Trotteurs, et commentaires admiratifs des "cousins".
    Étonnement aussi des conducteurs devant la petite cylindrée, et la consommation qui va avec, de Casita. Eux n'ont pas le choix, on leur propose que des V8 très gourmands.
    Après un bain du Trotteur, très rapide, vu la température de l'eau qu'on lui avait pourtant assurée très agréable, ils reprennent la route.
    L'Ile du Prince Édouard (PEI en anglais) est la plus petite province du Canada, mais assurément celle qui produit le plus de patates, le tubercule y est roi, avec le homard bien sûr.


    Elle est reliée au continent depuis 1997 par le pont de la confédération, 13 kilomètres.


    Son histoire est aussi très mouvementée. Baptisée par Jacques Cartier en 1534 île St Jean, elle fut colonisée qu'au début du18s par les Acadiens. En 1755 lors du Grand Dérangement, des réfugiés rejoignent ces premiers colons. Trois ans plus tard les Anglais la reprennent et déportent la majorité de la population Acadienne à l'exception d'un petit groupe qui avait pris le maquis.
    C'est un paysage de bocage, avec des champs descendant jusqu'à l'océan, une côte avec de multiples baies, des falaises rouges, une atmosphère paisible, reposante qui pour les derniers kilomètres du voyage fait du bien.

                                                                    
     
    Ils ont un peu de mal à imaginer que bientôt ils seront à l'aéroport d'Halifax. Ils essaient de profiter des derniers jours pour parfaire le bronzage sur les plages du PN PEI et prendre un bain pour le Trotteur, cette fois la température de l'eau est agréable.


    Ils sont sur le point de quitter le parking quand une petite voiture s'arrête devant Casita, le conducteur faisant des signes "un Français peut être" ils ont eu tellement de questions des compatriotes en voyage la principale étant "comment avez-vous fait..." la Trotteuse s'avance mais non ce sont des Américains. Steve et Carol ont loué pendant 3 mois un camping-car du type de Casita en Europe, et sont surpris d'en voir un ici avec un drapeau Français. Le courant passe immédiatement, Steve et Carol sont très exubérants, leur gaieté est communicative et les Trotteurs comprennent leur anglais. Ils parlent voyage, les stickers collés à l'arrière de Casita forcent leur "admiration" et ils continuent de bavarder l'heure tourne, échange de mail car il faut bien se séparer. Pourquoi n'ont-ils pas rencontré aux États Unis des personnes aussi chaleureuses? Quelques jours plus tard, ils recevront de Steve un mail qui a parcouru le blog, toujours aussi enjoué. Ils devraient revenir en France en 2016... Ils poursuivent leur route vers ... ils n'ont rien de bien déterminé, le hasard. Mais ce hasard met sur leur chemin un pêcheur qui vend...huîtres, homard, saumon fumé.


    Comment résister à toutes ces gourmandises. Reste à trouver le bivouac car ici taux de tolérance alcool au volant    0,08 et parfois 0, accompagner un homard d'un verre d'eau ? impensable.


    Tellement bon ce homard qu'ils décident de continuer leur cure homard, son prix défiant toute concurrence, cette fois au restaurant. Un peu déçus, celui de la veille était plus gros et meilleur. Bye, l'île Prince Édouard, ils y reviendront, ils s'y sont sentis tellement bien.


    Nouvelle province, la Nouvelle Écosse, quelques jours encore à rouler.


    Ils consultent la météo, d'une part la route qu'ils veulent faire est en corniche, Cap Breton, sous la pluie aucun intérêt, d'autre part, les premiers kilomètres parcourus ne les enchantent pas trop, plus de belles pelouses, de maisons... Alors ils changent de direction, ils partent vers Lunenbourg inscrite au Patrimoine Mondial depuis 1995. Ils font un arrêt à Peggy'sCove charmant village de pêcheurs où le temps qui passe n'a pas l'air d'avoir de prise. Il est resté bien préservé malgré l'affluence des touristes, attirés par son phare perché sur une dalle de granit, ses maisons sur pilotis, ici encore un beau coucher de soleil.

                               
                              

    Le temps est gris, pas top pour les photos, alors que la route côtière est splendide. Arrêt technique pour Casita, vidanges et remplissage du réservoir d'eau tout près de la route. Tout est terminé quand ils entendent "vous êtes Français" leur joli accent ne laisse aucun doute, voilà des Québécois. Claudine et Michel veulent savoir comment ils peuvent passer leur camping-car pour venir en France. Michel est un gourmet et même un fin gourmet, il connaît bien la géographie de la France grâce aux vignobles, les grands crus n'ont aucun secret pour lui. Dommage leurs routes partent à l'opposé, rendez-vous est pris pour leur faire découvrir certains vins audois. Belle rencontre encore une fois. Le temps n'a pas changé toujours gris, enfin Lunenbourg. Situé sur une péninsule vallonnée, ce fut un repaire de brigands et de corsaires, sa pittoresque architecture témoigne d'un riche passé.

                              
    La ville est aussi connue pour sa flotte de pêche et ses chantiers navals. La goélette la plus fameuse, le Bluenose remporta pendant 17 années consécutives le Trophée international du pêcheur, course entre pêcheurs après la saison de pêche à la morue. Malheureusement les chalutiers en acier commencèrent à remplacer les goélettes qui étaient la fierté des charpentiers qui les construisaient. En 1941 elle fit naufrage au large d’Haïti, sa réplique Bluenouse II a été construite à l’identique dans le même chantier naval.

                   Doris, barques servant à relever les lignes lors de la pêche à la morue     

                nous sommes en  (nouvelle) Ecosse     

    L’effigie de Bluenose orne la pièce de 10 sous depuis 1937. Après quelques photos il faut rejoindre Halifax pour préparer Casita pour le grand voyage qui devrait durer une dizaine de jours. Le joint de la pompe à huile est en train de tirer sa révérence, c'est la fin du voyage, non, pas tout à fait, il y a encore des kilomètres pour rejoindre les Pyrénées depuis Anvers et Casita le sait bien. Les parkings des Walmarts (supermarchés) sont des « bivouacs » faciles, autorisation de stationner la nuit presque partout, connexion Wifi de plus ou moins bonne qualité, ne soyons pas trop exigeants !!! Ils y rencontrent Emmy qui attend le prochain bateau, pour rentrer en France. Avec son mari Fred ils voyagent depuis fort longtemps, tour de la méditerranée, Amérique du Nord et Centrale…. Il leur reste l’Amérique du Sud. Ils vont faire réviser leur monture à Pau !!! Le bavardage dura jusqu’à la nuit tombée, ce qui n’empêcha le Trotteur de préparer le morceau de caribou offert par Eugène, façon daube, excellent.
    Le compte à rebours est lancé…les premières impressions sur les deux ans déjà une ébauche sur le papier, cela peut varier en fonction de l’émotion qui pourra les envahir en montant dans l’avion. Le ciel est bleu, ils vont visiter Halifax, peut-être. Après un nouveau bavardage avec Emmy et Fred ils partent prendre un emplacement au camping, plus facile de s’étaler…pour préparer Casita. Ils reviendront en ville pour faire les papiers d’embarquement puis flâneront, le point de vue depuis la citadelle étant en réalité sur des immeubles ou des grues…en son temps cela devait être beau.

    Les provinces maritimes, du 19 au 31 août 2015


    Du camping ils ne vont plus bouger, ils sont en « vacances », ils n’en ont pas pris souvent en deux ans.
    Le jour J, séquence émotion pour la Trotteuse, Casita est sur le port, dans 8 jours elle embarquera pour la traversée, eux ils prennent l’avion… Un intermède de deux ans va bientôt prendre fin, la Trotteuse va-t-elle revoir la conclusion ??? A suivre.

    C'est presque fini!

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  • Commentaires

    1
    Francisa
    Dimanche 13 Septembre 2015 à 15:19

    Bonjour à vous.

    J'ai fais le voyage avec vous et vous remercie de m'avoir fais rêver. Magnifique voyage et belles photos. J'spère pouvoir faire la même chose un jour. En attente de la suite teint. Bon retour à vous. Francis

    2
    journaliste amateur
    Dimanche 13 Septembre 2015 à 23:17

    magnifique fin de voyage avec de très jolies rencontres.cela se termine très bien. Nous attendrons avec impatience le prochain voyage que vous nous concocterez surement.

    En attendant, brétigny sera un très bon arrêt pour reposer casita.

    bisous

    3
    José
    Lundi 14 Septembre 2015 à 12:20

    Bravo !


    Pendant ces deux ans vous avez eu toute mon attention et mon admiration.


    Pendant ces deux ans vous m'avez promené et fait rêver.


    Pendant ces deux ans vous m'avez fait voir que le monde pouvait être beau.


    Merci.

    4
    Lundi 14 Septembre 2015 à 12:29

    Pendant ces 2 ans tu nous a gratifiés de beaux et chaleureux commentaires, merci.

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