• La Louisiane de chênes en chaines

     

     

     

    La Louisiane, voilà une destination que nous avions envisagée depuis longtemps. Notre itinéraire en camping car s'en éloignait de trop pour que nous puissions venir goûter à la douceur légendaire du pays Cajun. Onze ans plus tard, à la faveur du voyage anniversaire de l’ABAU (Association Bigorre Argentine Uruguay), nous foulons la terre d'accueil de nombreux migrants Pyrénéens, dont la recherche des origines et des descendants sont des activités qui nous occupent largement au sein de cette association.

    Après 24 heures d'avion, notre groupe de 24 pyrénéens, atterrit à La Nouvelle Orléans. Une courte nuit  et nous voilà partis avec  Rolland G, notre guide et le chauffeur pour un tour de la Louisiane d'une semaine.

    La première visite est pour Oak Alley, mythique demeure dont l’histoire a commencé vers 1700. Un colon français construisit une petite maison de pionnier devant laquelle il planta une allée de 28 chênes de Virginie formant une élégante avenue de 400 mètres de long menant au Mississippi. Vers 1830, la petite maison est remplacée par une demeure plus prestigieuse à l’initiative d’un riche planteur de canne à sucre, Jacques Roman. L’allée de chênes est devenue l'emblème des plantations du Sud. La visite de la somptueuse maison par un guide qui malheureusement n’a que faire d’un groupe de Français qui ne maitrise pas forcément l’américain, décrit les différentes pièces mais aborde-t-il l’esclavage ? Dans un même présentoir on peut voir, les deux aspects de la vie sur la plantation. D’un côté la plaque de cuivre de l’invitation au mariage de Henri Roman de l’autre, un objet métallique, une entrave sonore pour esclave. La culture de la canne à sucre nécessitant une main d'œuvre importante provoquant un mouvement d'importation des esclaves africains dans le cadre du commerce triangulaire. Ainsi dans les « anciennes » ou reconstituées maisons des esclaves sont exposés les accessoires liés à l'état de servilité évoquent cette période peu glorieuse de l'histoire européenne et américaine. A la fin de la guerre de Sécession qui marqua l’abolition de l’esclavage (1865), la plantation est vendue. Dès lors, elle va passer de mains en mains sans être très bien entretenue, jusqu’à être abandonnée. Rachetée en 1925, rénovée par Andrew et Joséphine Stewart, cette dernière avant son décès mis sur pied la Oak Alley Fondation.

    C’est aussi au restaurant de la plantation que nos papilles feront connaissance avec les premières saveurs épicées.

                La Louisiane de chênes en Chaines         Oak Alley       Oak Alley                                                           

     

    En route vers Baton Rouge, notre guide Roland G, propose une éventuelle visite rapide du Capitole. Après avoir franchi les 48 marches du grand escalier, une pour chacun des états de l’Union existants au moment de la construction, Hawaii et l’Alaska furent rajoutées quand ces états entrèrent dans l’Union, le pélican, emblème de la Louisiane accueille les visiteurs dans la grande salle. Juste un coup d’œil aux deux chambres, et une montée très rapide au 27ème étage pour observer Baton Rouge et ses environs. Mais où est la ville de 222 185 habitants en 2021 ? De la verdure, au travers de laquelle les yeux essaient de trouver rues et piétons, le Mississippi qui s’écoule majestueusement, mais aussi des installations chimiques.

                                       Le Capitole             Le Capitole   

     

               Le Capitole        Le Capitole        La Louisiane de chênes en Chaines   

     

    LSU est la plus importante université du réseau des universités de l'État. Les programmes sont de qualité et le campus est typiquement américain du sud avec ses immenses chênes, sa verdure, et les couleurs universitaires présentes partout : violet, or et blanc. LSU est surtout connue pour ses équipes sportives. Le stade du campus, peut contenir plus de 60 000 fans, ils célèbrent leur mascotte Mike the Tiger depuis 1936. 

     

                                                                    LSU the Tiger

    Enfin pour terminer la journée, une visite au Musée rural, avec M Dantin descendant d'Acadiens déportés, au cours du grand remplacement. Un ensemble de bâtiments, maisons de contremaitre, atelier de forgeron, maisons des esclaves, église, école, donne une idée de l'habitat fermier et noir des années 1800 à 1900.

               Musée Rural        Musée Rural       Musée Rural l'église

                                                                                                        Musée Rural l'ancêtre du ventilateur

     

    Le soir, match à la télévision de l'équipe de basket des étudiantes qui se qualifie pour le dernier carré de la Conférence, un grand panneau d’affichage des résultats trône dans l’hôtel, c’est dire l’importance du sport et particulièrement celui de LSU.

    Au matin les rives du Mississippi sont enveloppées dans la brume de laquelle émergent de temps en temps un pont, l’ancien Capitole, semblable à un château médiéval, avec son étonnante coupole, ses tourelles et ses créneaux.

                                                  Baton Rouge l'ancien Capitole      

    Une nouvelle plantation, Rosedown fondée en 1835 par des planteurs de coton. La famille possédait plus de 400 esclaves dont 250 vivaient sur place, le reste habitaient sur les trois autres plantations appartenant à la famille (cf description de la plantation) La visite de la maison par une guide cette fois consciente du gout modéré des Français pour les langues étrangères, fut intéressante. La tapisserie de l’entrée donne le ton, une fresque d’inspiration Renaissance assemblée comme un puzzle, une douche même si elle parait rudimentaire aujourd’hui, la salle de classe des enfants, un manuel en Français mais aussi l’escalier si étroit pour les esclaves. Quelques minutes pour se perdre dans les allées tracées à la française comme à Versailles, plantées d’une infinie variété d’arbres, trop tôt ou trop tard pour les fleurs et bien sûr son immanquable allée de chênes.

                                                  Rosedown      Rosedown 

    On quitte pour une nuit l’état de Louisiane pour celui du Mississippi à NATCHEZ. A la faveur d'un changement de programme, Roland G nous réserve une surprise pour le lendemain, nous descendons au bord du Mississippi,  pour prendre un verre au Saloon Under the Hill. Un vieux saloon, avec ses tables cirées en bois massif autour desquelles les clients attablés parlent fort, accrochés au mur violons, masques.

    Le restaurant du soir, chic, table nappée en blanc, personnel au petits soins et Roland qui improvise une leçon de jazz au piano. 

               La Louisiane de chênes en Chaines     Saloon Under the Hill     Saloon Under the Hill face au Mississippi 

       

               Saloon Under the Hill     Saloon Under the Hill                                                

    Le lendemain, la surprise que  voulait nous faire Roland, la brume vue depuis la falaise, hélas pas de brume, juste un ciel bien chargé mauvaise augure pour la journée.

    Les plantations jusque là visitées se résumaient aux belles demeures, cette fois,  c'est une exploitation de coton du XIX s qui fonctionne encore, la plantation Frogmore. Nous sommes accueillis par la propriétaire. La nouvelle installation moderne dans un immense hangar tellement immense que la visite se fait toujours installés dans notre bus. Elle nous explique la culture du coton qui n’est possible qu’à condition de faire des traitements chimiques dés le départ. Mais rien ne se perd, les déchets sont retraités pour la nourriture des animaux, de l’huile extraite des graines de capsules de coton pour les humains arf.

                                                                    Le coton

    Tout en cheminant vers Layette, Roland nous raconte la tragédie de Evangéline Bellefontaine et Gabriel Lajeunesse séparés à la veille de leur mariage, pendant le Grand Dérangement Acadien en 1755. Evangéline passe de longues années à chercher son fiancé elle le retrouve à Saint Martinville.  Atteint de la peste, il meurt dans ses bras sous un chêne. Nous devions faire une balade sur le lac à la rencontre des animaux en particulier les alligators. Malheureusement un vent violent nous en empêcha. Un arrêt au Centre Culturel de l’Acadiane pour visionner un film retraçant la déportation des Acadiens en Louisiane. De cette projection on n’en sort pas le cœur léger, heureusement une course au portable, celui de Roland C nous occupa un moment. Il était juste tombé de la poche pendant la projection. Un arrêt à Saint Martinville, qui commence  une rencontre dans l’église avec un Français installé depuis de nombreuses années, une reconstitution de la grotte de Lourdes,  se poursuit par un petit tour de ville à pied et se termine par une « visite » au fameux chêne au bord du bayou. Pour clôturer la journée "soirée fais dodo", c’est-à-dire des soirées dansantes. L'expression vient de l'habitude qu'avaient les mères cadiennes d'emmener leurs jeunes enfants aux bals et de leur dire de s'endormir au son de la musique cadienne. Elles mettaient les enfants dans une pièce annexe et chantaient la chanson Fais dodo, puis allaient danser.

     

                           St Martinville        St Martinville l'arbre d'Evangéline 

    Lafayette, au cœur du pays cajun, est la capitale francophone de la Louisiane. De cette ville, on retiendra l’imposant chêne vieux de près de 500 ans juste à côté de la cathédrale Saint-Jean-l’Evangéliste bien plus jeune. Achevées en 1916 elle est construite en briques rouges et blanches, de style néo-roman. De nombreux noms français au cimetière témoignent de l’exode des acadiens venus de canada.

                                                                  

     

              Lafayette         Lafayette          Layette Cathédrale St Jean l'Evangéliste  

    Le ciel est particulièrement couvert, quelques gouttes de pluie sur le parcours pour nous amener à  Avery Island. Avery Island est en fait un immense dôme de sel où a été créée la première mine de sel. L’histoire de TABASCO débute en 1868 quand Edmund McIlhenny commence à y cultiver des piments dans le but de créer une sauce donnant plus de saveurs aux plats. Les ingrédients de base sont très simples : purée de piments (vieillis en fûts de chêne), sel et vinaigre. C’est toujours sur Avery Island que la production se passe. 

                                                                                        

    Après quelques achats à la boutique la journée se prolonge par la visite du  magnifique jardin appartenant à la même famille, les Jungle Gardens.  Malheureusement une petite pluie nous accompagne toujours, dommage c’est tellement beau qu’il aurait été bien agréable de flâner dans cette belle végétation, de voir un peu plus d’alligators et autres animaux.

     

     

                     Aligator         

     

                                                

     

    Nous nous dirigeons vers Houma, étape importante pour notre association. En effet un pyrénéen Jean Pierre Cénac émigra en Louisiane en 1860 y fit fortune. Il fit planter des chênes, un livre écrit par son arrière-petit-fils retrace l’histoire de la famille. Roland G a pris contact avec cette personne, ainsi il a pu localiser les fameux chênes. Clic clac ils sont dans la boite en de nombreux exemplaires. Après le diner dans un restaurant typique, Roland nous annonce que ce n’étaient pas les bons chênes mais cette fois il connait le véritable emplacement. En effet une plaque commémorative en remerciement à Jean Pierre Cénac et Bernard Bazet (né à Lasserre) figure sur un arbre, cette fois il n’y a pas de doute.

     

                                          Les chênes de Houma    Houma restaurant de poisson

    Le lendemain, pendant le trajet vers La Nouvelle Orléans, Jason Thiébaud, descendant également d'acadiens autre contact de notre guide,  improvisa une mini « conférence » par téléphone interposé, sur l’attachement à la langue Française. En 1920 elle était peu utilisée, mal vue au point de n’être plus parlée en famille. Mais pendant la 2ème guerre, les acadiens ont réalisé que cela pouvait être une arme intéressante pour l'armée Américaine alors le français a repris ses droits et cela continue.  Aujourd’hui il faut attendre 2 ans pour intégrer une classe de français à l'université.

    Comment peut-on imaginer ce 29 aout 2005 La Nouvelle Orléans (NOLA pour les intimes) sous les eaux après Katrina ? Dès notre arrivée nous sommes saisis par le changement d’ambiance. NOLA comptait en 2021, 376 971 habitants  et cela se voit, piétons, magasins en tous genres, restaurants, que de vie, quel contraste avec les centres-villes de Baton Rouge, Lafayette ! 

    Le centre-ville est déjà animé, les peintres s’installent autour du square Andrew Jackson, quelques notes de musique s’échappent d’un synthé, nous avons RDV avec un guide local, Jérémy. Nous allons arpenter les rues du quartier historique de NOLA, French Quarter, même si le style des maisons est plus hispanique que français : maisons colorées, balcons tarabiscotés de fer forgé, noms de rue français. Cette visite guidée est aussi l’histoire de la colonisation à la fin de la guerre de Sécession, les familles créoles, pirates, déportés acadiens, esclaves et gens de couleurs libres. Nous avons adoré cette visite, que Rolland complètera plus tranquillement un moment plus tard.             

    Séquence émotion pour Rolland C il peut se recueillir devant la plaque de ses arrières grands parents au cimetière St Louis. Dans ce même lieu, quelques surprises, une tombe au nom de RESSEGUET et REULET hélas pas de prénom affiché. Un petit tour au lac Pontchartrain lieu encore plein d’émotions pour Roland, son pèlerinage touche presque à sa fin. Le même soir il ira avec Jan notre correspondante dans le quartier de ses arrières grands parents. Pour regagner le centre-ville Rolland G nous propose d’emprunter le tramway, le streetcar. Une escapade un peu hors du temps, qui permet de découvrir de belles demeures. Tout le long de la ligne, des arbres, ils sont chargés de colliers de perles colorées, mardi gras n’est pas si loin 21 février. Le « voyage » se termine plein centre, à nouveau plongés dans l’agitation la soirée se prépare pour les Cadiens. Après le diner ambiance Jazz, le ton est monté de quelques décibels rue Bourbon, une cacophonie qui arrache les oreilles, un mélange peu harmonieux pour elles mais nous sommes à NOLA pour écouter de la musique. Sur les indications de Rolland, nous partons vers un autre lieu au bout de French Quarter, Faubourg Marigny. Le bout de la rue Bourbon est étonnamment calme, pas de bruit, pas de circulation. Au détour d’une rue, une exposition artisanale intéressante mais photo interdite, un léger bruit indique que nous ne sommes pas très loin. En effet nous y voilà, une tout autre musique, enfin du Jazz, du monde qui déambule tranquillement, des poètes de rue qui attendent devant les machines à écrire, et un petit attroupement devant une boutique. Nous resterons là pas mal de temps à écouter, debout, ces musiciens, sympathiques. La boutique devant laquelle ils sont installés est un restaurant dommage il ferme nous aurions pu reposer nos jambes. Dans ce quartier de nombreux bars avec bien sûr son groupe de Jazz, la bière coule. L’heure tourne, même si c’est notre seule soirée à La Nouvelle Orléans, il faut rentrer, mais à regret. Nous n’avions pas évalué la distance parcourue ce soir là en plus de celle de la journée total 13 kilomètres.

                            

                                

     

                            

     

    Pour voir plus de photos c'est ICI

    Dernière matinée à NOLA, encore un petit tour avec Rolland dans le quartier français, la rue Bourbon est nettoyée au tuyau d’arrosage (cf fêtes de Dax) les livreurs s’affairent à décharger les marchandises pour la prochaine soirée, un petit temps libre au « marché français » pour les achats souvenirs, RDV au pied du bateau à aube pour l’incontournable balade sur le Mississippi, avec orchestre Jazz, et repas créole. La vue un peu voilée de NOLA, nous rappela avec un pincement au cœur lorsque nous quittions Carthagène (Colombie) à bord du ferry un verre de mojito à la main. Les rives du Mississippi n’ont rien d’exceptionnel, des bâtiments industriels sans charme, elles ne nous laisseront pas un grand souvenir.

    Pendant le trajet vers l’aéroport, Rolland distribue les colliers multicolores, fin de ce voyage intense certes mais tellement enrichissant, avec un groupe très sympathique.

                                           

    Le Mississippi vu d'avion 

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    PS le retour en avion un peu mouvementé à Amsterdam grève plus d’avion pour Toulouse.

     Vidéo du voyage

     

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  • Commentaires

    1
    helene
    Mardi 25 Avril 2023 à 13:16

    Quel bonheur de revivre avec vous les étapes de notre voyage. Merci de tout coeur vraiment. 

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